Telle une journée banale, lors d’un entretien d’embauche, cinq femmes en tailleur attendent, alignées. Elles se scrutent, s’épient et par leur regard, instaurent rivalité et atmosphère électrique. On oscille entre la violence de corps qui s’affrontent, se heurtent, s’entrechoquent dans une hostile indifférence et la rencontre tendre mais furtive, trop courte, sans suite, brisée par l’urgence d’une situation.
L’écriture se nourrit d’instants de vie, de gestes ordinaires, de petits mouvements du quotidien presque compulsifs entremêlés d’angoisse et d’attente : sourire, serrer une main, remettre une mèche de cheveux derrière l’oreille. Un but unique : coller à l’image attendue, se fondre dans la masse.
Dans cet individualisme de masse qui tend à polir et régulariser les contours, l’individu doit disparaître, se nier. Avec histoires courtes, il est question de rendre lisible cette violence de la négation, mais aussi de redonner une visibilité à l’individu dissimulé dans la masse.